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Papiers
28 mars 2006

Grandaddy - The Software Slump

« Are you ready ? Yeah… ok… » Pourquoi cette mise en garde dés le premier morceau de l’album ? Y’a-t-il un quelconque risque à plonger dans le second opus du quintette californien ? C’est que The Sophtware Slump commence par un véritable morceau de bravoure, huit minutes d’errance dans un univers musical hors du commun, le genre d’expérience sonore qui ne laisse pas insensible : He’s simple, he’s dumb, he’s the pilote. Mieux vaut faire son baluchon avant de partir, n’emmener que le strict nécessaire. “You lost your maps, you lost the plan…“

Aucune importance ! Elles ne nous auraient de toute façon servis à rien tant ce disque évite rigoureusement les sentiers battus. Les quatre premières minutes du morceau fixe un décor étrange où les gazouillis d’oiseaux rieurs rassurent un auditeur un peu bluffé par une chanson qui commence comme elle aurait pu se terminer. Etrange impression de prendre un train déjà lancé à allure raisonnable, de sauter en marche pour une grande aventure qui ne nous a pas attendus pour commencer, ce qui la rend encore plus étrangère et donc excitante. Un banjo un peu usé et un piano fatigué donne aux premières minutes un aspect un peu suranné, mais c’est une feinte pour mieux nous embarquer vers des sphères sonores inconnues. Car voilà longtemps que ce train ne tourne plus à la vapeur d’eau. Jules Verne ne renierait pas cette machine qui s’affole soudain, alors que les voies se distordent, que des mélopées de sons irréels dessinent les contours d’un engin fantastique, aux multiples commandes, mais un peu fou, incontrôlable et qui peu à peu quitte les rails.

Alors le silence se fait, pesant, avant que le piano ne reprenne pour l’ultime élévation. Les mélopées de voies profondes donne un aspect quasi mystique à la composition qui prend soudain son envole alors que le temps semble comme suspendu : “Did you love this world and did this world not love you ?” Ultime phrase répétée inlassablement par-dessus les symphonies irréelles des sons mécaniques, et au passé, comme le signe qu’on ne reviendra pas tout de suite sur ce monde qu’on vient de quitter. Dépaysement garanti. 

Hewlett’s Daughter nous ramène un peu sur terre, on se laisse séduire par cette composition pop, rythmée mais l’accalmie est de courte durée, et très vite les synthétiseurs fous de Grandaddy nous embarquent à nouveau. Le sommet n’est plus très loin : The Crystal Lake. Le meilleur restait en effet à venir. On attend toujours d’un disque les moments rares, la chanson dont on ne pourra plus se passer. Dés les premières secondes du morceau, on comprend que The Crystal Lake est de celles-là. Le bruit de l’eau qui coule, des ordinateurs dégénérés répondent aux guitares saturées dans une composition rythmée, nerveuse, véritable hymne à la nature, à l’évasion, aux grands espaces. On en est à la quatrième chanson et la partie est déjà gagnée. Vient alors Underneath The Weeping Willow, d’une sublime douceur, qui arrachera des larmes aux plus tendres mais nous plongera tous dans une profonde mélancolie. Les compositions rageuses ou éthérées à venir ne dépareillent en rien à l’ensemble et on se laisse lentement glisser vers cet horizon que Grandaddy met à notre portée. Ils nous laissent sur ces dernières paroles superbement mises en musique :"So You'll aim toward the sky, and you'll rise high today, fly away, far away" Je ne suis pas prêt de redescendre ! Dans ce canevas électronique, cette aventure sonore déroutante, on en oublierait presque d’écouter la performance à la batterie de Aaron Burtch, gros barbu débonnaire avec lequel on aimerait vider quelques bières et parcourir les vallées du Parc National de Yosemite Valley qui sert de couverture à ce disque, bijou de la Californie chère à ces barbues skateurs et écolo, qui tiennent ici leur chef d’œuvre. Du grand art !

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