Incontinences sur canapé

Un dimanche après-midi, 19h au clocher de l’Eglise, dans le square les fleurs poétisent, un tour de zapette pour tromper l'ennui et je scotche quelques instants sur ça : un canapé en forme de U, où plusieurs personnages ont pris place autour de Michel Drücker et d’un chien. Tous semblent heureux de célébrer le retour sur scène de Michel Sardou. Et chacun se fend de quelques compliments, avec son savoir-faire : un bon mot, un dessin, un fondant aux poireaux. La plus belle brochette de cireur de pompes du paf français astique des invités grabataires, et ça fait des années que ça dure.

Faustine Bollaërt, nouvelle protégée de Drücker, 65 kilo de masse molle engoncés dans des robes vulgaires, deux yeux porcins qui laisse présager de la désolation intellectuelle du personnage, des bottes de cuir à hauteur des genoux et un sens de la répartie à hauteur des pieds. A caser entre la madone des machines agricoles et la tenancière de baraque à frites. Chaque dimanche, elle récite, que dis-je, lit les petits mots choisis pour un invité dont il faut faire l’éloge. Courageuse Faustine ! Tu n’hésites pas, le décolleté en avant, à rendre hommage au lubrique Sardou pour sa liberté de pensée, solidement enraciné dans le bon vieux temps des colonies et la germanophobie. Comme tu as raison ! Et la semaine prochaine il faudra faire quelques couper/copier/coller  pour ne pas indisposer Yannick Noah. Et que dire des hagiographies de Bernadette Chirac, David Douillet, Serge Lama, Michou ou Geneviève de Fontenay ?

Mais si aujourd’hui tu peux poser ton cul au milieu du gratin français, il serait injuste de croire que tu es née avec une cuillère d’argent dans la bouche. Non, non, non. Il t’a fallu gravir les échelons pas à pas :

•  une première apparition à l'écran comme figurante dans la série TV Premiers baisers

•  une boite à journalistes pour étudiantes à papas friqués

•  un premier contrat pour le compte de Télé 7 Jours pour une infiltration du casting de LoftStory 2 comme candidate mystère (elle faisait partie des vingt derniers candidats lorsqu'elle a été démasquée)

• un poste de chroniqueuse chez Patrick Sébastien

De cette époque te vient sans doute ce goût pour le journalisme d’investigation et pour le verbe. Et puis tu n’aimes pas la routine. Tu sais trop bien qu’à être systématiquement gentille avec les invités, quelque qu’ils soient, tu risques de passer pour une hypocrite. Si tes parents t’ont choisi un prénom chez Goethe, c’est que sans doute ils espéraient te voir taquiner le démon de temps en temps. Donc cette année tu l’as promis, tu vas être méchante ! Y’en a qui vont prendre pour leur grade ! Taillages de costards en perspective et faudra pas venir se plaindre. D’ailleurs, pas plus tard que l’autre jour tu nous as montré à quel point tu pouvais être corrosive : en refaisant le portrait d’une célébrité - que bien entendu vous n’aviez pas invité - célébrité sur laquelle peu de gens avant vous avaient osé rire : Victoria Beckam. Non vraiment le service public regorge de ressources inattendues ! Donc en face de la case redevance télé, je coche quoi moi ?

Au fait Faustine, tu n’oublieras pas avant de partir de passer un coup d’éponge sur les coussin de Jean-Pierre Coffe et de Bruno Mazure. Et si le moins incontinent dans l’histoire était le chien de Michel Drücker ? Pauvre bête…