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Papiers
28 septembre 2007

Sparklehorse - Vivadixiesubmarinetransmissionplot

    Poupées désarticulées, masques de clown au visage inquiétant, avec la couverture de ce disque on croirait plonger dans le coffre à jouet de l’enfant Mark Linkous. Et ce cheval de bois à la silhouette famélique, que l’on découvre privé de sa chair au verso, révélant un squelette de métal. Mais sur quel drôle de Carrousel le petit Mark usait-il ses fonds de culotte ? Freud aurait sans doute eût beaucoup à dire sur notre animal. Mais peu importe ! Les êtres torturés sont aussi les plus attachants et c’est en eux que se cache souvent l’étincelle du génie. De même que les germes de leur propre destruction. Mais la curiosité est trop forte pour résister à un tour de manège et on s’empresse de plonger dans la musique de Sparklehorse avec Vivadixiesubmarinetransmissionplot (Ouf !).

Ce premier album au nom imprononçable ouvre la discographie de Sparklehorse. Il s’inscrit d’emblée dans la vague lo-fi, dont il deviendra bientôt l’un des principaux porte-drapeaux. Les chansons sont empruntes d’une douce mélancolie et s’égrènent avec lenteur. Déjà Mark Linkous impose un style : le bricolage ! Ce premier album voit le jour dans sa ferme de Virginie, transformée pour l’occasion en studio d’enregistrement, avec les moyens du bord. Les guitares rouillées répondent aux boites à rythmes déglinguées. Les chansons servies par la voie étranglée de Mark Linkous sont inspirées. Par moment, on jurerait entendre Neil Young en personne. Et le charme du folk bancal de Sparklehorse opère rapidement. D’autant que la voie fragile de Linkous sait se faire rageuse, et les guitares nerveuses. Someday I will treat you god nous réveille et révèle la seconde facette de ce disque : un rock country sombre. Linkous sait sortir les griffes et ainsi atteindre un public plus large. Mais il appartient résolument à ces songwriters torturés, tel Will Oldham ou Vic Chesnutt (avec lequel les liens dépassent la musique), des artistes proches de la terre, aux racines profondes et qui « composent la matière vivante et fiévreuse du rock américain d'aujourd'hui » comme l’a si bien écrit un fan. Mark Linkous vénérait Johnny Cash, on comprend ainsi mieux ce rock aride et doux à la fois qu’il nous livre avec ce premier album. On devine certes, au milieu des bottes de foin de la ferme des Linkous courir les cables des ordinateurs, mais cette musique sent la terre, l’humus. Album hélas passé assez largement inaperçu. 

Un coup d’éclat va pourtant le propulser indirectement au sommet des colonnes des gazettes. Nous sommes en 1996 en Angleterre. Sparklehorse est alors en tournée pour défendre sur scène son premier album. Un soir dans sa chambre d’hôtel, Mark Linkous joue les apprentis chimistes. Victime d’un mauvais mélange d’alcools et d’anti-dépresseurs, il sombre dans un profond coma. Déclaré mort cliniquement pendant deux longues minutes, Mark s’accrochera finalement à la vie, ainsi qu’à la chaise roulante dont il restera prisonnier pendant six mois. Alors rentre en scène un fan de la première heure, Thom Yorke, leader de Radiohead. Il va contribuer au redressement de Sparklehorse en leur permettant d’assurer les premières parties des concerts du groupe lors de la tournée OK Computer en 1997. La dépression disparait doucement et on retrouve le génie de Linkous opérer lors d’une reprise du Wish I were here de Pink Floyd avec Thom Yorke.

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