Grandaddy - Just Like the Flamby Cat
A l'heure où j'écris ces quelques lignes, Grandaddy
n'est plus. Le groupe des géniaux barbus de Modesto a décidé de mettre
un terme à une collaboration de 15 ans. Resterons les disques,
immortels eux, les disques d'un groupe qui aura marqué la scène indie
des années 90. Just Like The Flamby Cat sonne
donc un peu comme un enterrement. Un "suicide post-modern" écriront
certaines âmes grises et sinistres qui traquent déjà dans cet album les
signes avant coureur de la séparation. Voilà exactement l'état d'esprit
qu'il ne faut pas adopter au moment d'écouter ce nouvel opus. Mais il
est vrai que si la sortie d'un album de Grandaddy déchainait
d'ordinaire chez moi une vague d'enthousiasme irrépressible et quasi
frénétique, il m'est plus difficile de me réjouire de la sortie de ce
disque qui sera bel et bien le dernier (quoi que... mais c'est une
autre histoire !).
Bref,
voilà donc la dernière occasion de sauter dans le train pour celles et
ceux qui auraient loupé ce bon wagon. Ou plutôt d'attraper la queue du
chat... Car lors de ce concept album en 15 chansons, nous voilà invités
à suivre les pérégrinations d'un matou disgracieux et complétement
perdu. Dés l’ouverture sur "What Happened..." qui, en 2 minutes
et 19 secondes de chant de fillette éplorée, réussit à arracher les
premiers frissons, on comprend que l'album est placé sous le signe de
la mélancolie. Il y a comme une beauté désanchantée dans la musique qui
se développe peu à peu. Et l'errance de ce chat perd très vite la
légèreté des fables enfantines. Jason Lyttle chante ici la fin
d'un âge d'or. Lui qui s'était dit soulagé d'avoir pris la décision de
dissoudre le groupe, semble quand même regarder une dernière fois en
arrière. Il apperçoit cette barraque perdu au coeur des grands espaces
californiens, ce "Home Studio Sweet Home Studio" d'où auront filtré
tant de merveilles...
On retrouve donc ce qui fait la sève des tubes "grandaddyesques", le liquide vitale qui nourrit leur musique depuis des années : soit 15 titres en trois dimensions, 15 chansons aériennes et atmosphériques, technologiques et métaphysiques, bref du Grandaddy tout craché. Influence revendiquée de David Bowie (Jeez Louise), space-pop pinkfloydienne incitant au voyage (Rear View Mirror), les références pourraient être énumérées, démultipliées sans pour autant rendre vraiment compte de la richesse du disque. Une peut-être, plus que les autres, permettrait de se faire une idée : Pet Sounds de Brian Wilson, autre génie californien que Jason Lytle s’évertue à copier (et bien plus encore) depuis 1992. Sons synthétiques et sons organiques alternent, entrecoupés de miaulements de chats, de clochettes, de notes de piano à peine éfleurées... On va de sommets de déflagration, toutes guitares dehors (Disconnecty), en déluges sonores et salons feutrés... Véritable patchwork musical, Just Like The Fambly Cat est un excellent disque qui se hisse à la hauteur des chefs d'oeuvres précédent du groupe. Mais voilà longtemps que j'ai perdu toute objectivité les concernants, je vous laisse donc seul juge. Attrapez la queue du petit chat !